Dépistage, vaccination, test d’orientation diagnostique, encensés ; en plus des entretiens pharmaceutiques et des bilans partagés de médication déjà valorisés… Depuis la convention quinquennale avec l’assurance maladie de 2022, la rémunération des missions de santé de l’officine se renforce, objectivant ainsi le rôle des pharmacien(ne)s comme acteur(e)s clés dans le parcours de soin des patients. Cependant, une grande mission réalisée très fréquemment dans les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes par les pharmacien(ne)s (ou sous le contrôle effectif d’un pharmacien ou d’une pharmacienne) n’est pas encore valorisée par l’assurance maladie : la Préparation des Doses Administrées.
À intégrer au nouveau modèle économique.
Les pharmacien(ne)s, confrontés à la baisse des prix des médicaments, se sont inquièté(e)s du devenir de leurs officines. Face à l’impasse qui se profile. Une réflexion avec les pouvoirs publics doit trouver un nouveau modèle économique … « Nous n’avions que deux solutions pour nous en sortir : passer à une rémunération à l’acte, comme tous les professionnels de santé, ou nous calquer sur le modèle anglo-saxon et devenir des gérants de supermarché du médicament », détaille Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. Les pharmacien(ne)s optent pour la première solution. La bascule se fait en 2015, alors que la part des marges commerciales s’amenuise, la rémunération sur les médicaments remboursés − qui représente 80 % des revenus de l’officine – dépendra majoritairement d’honoraires, d’actes de dispensation, et de Rémunération sur Objectifs de Santé Publique comme les autres professions de santé libérale. Le pharmacien ou la pharmacienne n’est plus payé seulement sur la boîte, mais aussi à l’acte de dispensation, c’est-à-dire l’analyse de l’ordonnance, la délivrance des médicaments et le conseil au patient sur leur bon usage. Cependant une activité importante pour certaines pharmacies servant des EHPAD est passée à la trappe : la PDA.
À prendre en compte dans les déserts médicaux
Le maillage territorial des officines a rendu un service très estimable dans la couverture vaccinale contre le CoVid-19 ou la grippe. Il s’étend maintenant sur 14 autres vaccins. Il a permis la vaccination massive contre le CoVid-19 et son dépistage par les tests antigéniques. Il permet que 92% des officines vaccinent contre la grippe — obtenu en 2017 — non sans quelque réticence des médecins et des infirmier(e)s, irrités d’être concurrencés sur leur terrain. Les patient(e)s âgé(e)s de 16 ans et plus, muni(e)s d’une prescription médicale peuvent désormais se faire vacciner en primo ou en rappel pour
- diphtérie ;
- tétanos ;
- poliomyélite ;
- coqueluche ;
- papillomavirus humains ;
- infections invasives à pneumocoque ;
- hépatite A et hépatite B ;
- méningocoques de sérogroupes A, B, C, Y et W ;
- rage.
Ce qui place aujourd’hui les pharmacies comme des relais de santé de proximité avec une fréquentation des officines estimée à plus de 4 millions de passages par jour (plus de 7 millions certains jours de pandémie). Le pharmacien ou la pharmacienne est le / la seul(e) professionnel(le) de santé que vous pouvez consulter sans rendez-vous, sept jours sur sept.
En 2019, le Sénateur M. Daniel Chasseing « attirait l’attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la situation des pharmaciens qui, en milieu rural, acceptent, à titre bénévole, de gérer quotidiennement les piluliers des personnes hébergées dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), rendant ainsi un service appréciable à la collectivité, tant sur le plan de la santé que sur celui de la gestion. Mais si certains acceptent cette contrainte, d’autres se sentent, à juste titre, en droit d’être rémunérés pour cet acte. Il lui demande donc si la réglementation actuelle permet de rémunérer les pharmaciens pour la gestion des piluliers des EHPAD. »
Cette pratique s’est développée de façon empirique et parfois anarchique, compte tenu de l’absence de régulation spécifique face à une demande importante et pressante en lien avec le vieillissement de la population.
À permettre à tous d’y accéder
La PDA met en relief les risques d’erreurs potentielles auxquels sont exposés les résidents, souligne les chances de sécurisation du circuit du médicament, et par conséquent toute la pertinence du rôle du pharmacien. La plupart des établissements se contentent d’y limiter la place de l’officinal dans des conventions signées entre eux. Chaque résident, considéré comme vivant à domicile, détient la liberté de définir le pharmacien auquel il se lie par une convention spécifique et unique, en toute indépendance du pharmacien référent. Un choix souvent dicté par la proximité, qui lui est garanti par le Code de la Santé publique. Soumises à des contraintes budgétaires, les directions intensifient leurs appels d’offres pour cette fonction qui leur permet d’économiser un temps plein infirmier. Plus d’une pharmacie sur cinq s’est investie à grand renfort de moyens humains et techniques en intégrant la robotisation complète dans la préparation des piluliers. Des groupes nationaux d’Ehpad, écartent les titulaires liés historiquement à des Ehpad par la PDA manuelle en exigeant la robotisation pour 120 lits, alors que le marché des couches, des compresses et des pansements leur a déjà échappé, via des appels d’offres à l’échelle hexagonale. Les pharmacien(ne)s obtiennent aujourd’hui un équilibre ténu pour cette activité qui génère un coût supplémentaire équivalant à un quart de temps plein, pour 200 lits.
sources :
https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A16113
modifié le 2023-03-17 18:56 par admin